Il y a quelques mois je m’étais associé à un projet d’étude visant à évaluer le niveau de pollution du sol et de l’eau à Kinshasa par des métaux lourds provenant de piles et batteries électriques. Les piles sont très largement utilisées à Kinshasa. Il suffit d’entrer dans n’importe quelle boutique de n’importe quel quartier pour s’en convaincre – les piles se vendent bien! La question qu’il y a lieu de se poser est celle de savoir où vont ces piles après utilisation?
Dans ma propre maison il a été difficile de convaincre les gens de ne pas mettre les piles à la poubelle. Mais de toutes façons, tout effort domestique est futile car dépassé le portail de la parcelle, les piles rejoignent tous les autres déchets vers la décharge publique. Il n’y a tout simplement aucune conscience pour une élimination contrôlée des piles, et par conséquent aucune infrastructure non plus.
Les piles et batteries stockent l’énergie sous forme de liaisons chimiques. Selon leurs types (batteries plomb-acide, piles zinc-carbone, piles alcalines, piles au lithium, piles nickel-cadmium, etc.), les batteries usées injectent dans la nature différents métaux lourds: cuivre, plomb, mercure, arsenic, cadmium, etc. qui, bien que présents naturellement en quantités infimes, peuvent poser de sérieux problèmes de santé lorsque leurs concentrations deviennent importantes. Leur impact négatif est plus prononcé chez les enfants et les personnes d’âge avancé.
Les piles que nous jetons à la poubelle aujourd’hui risquent fort bien de revenir se venger dans notre corps demain, via l’eau que nous buvons, les légumes que nous mangeons, ils peuvent affaiblir nos enfants et rendre nos vieux malades.
Je me suis aussi rendu compte que le plomb des batteries automobiles est « recyclé » en plein jour: on en fait des casseroles qui servent à cuisiner, dans les marchés aussi bien que dans nombre de ménages. Si vous avez déjà – comme moi – connu le plaisir délicat d’une bouchée d’arachides grillées dans un marché de Kin, il y a beaucoup de chances que vous ayez mangé le fruit d’une casserole en « »Mbodi », comme on appelle le métal. Les « Malewas » sont pleins de casseroles en plomb. Exactement. On mange de la nourriture préparée dans des casseroles en plomb. L’un des métaux lourds les plus toxiques.
Pour revenir à ce projet d’étude sur les piles et les batteries, l’idée de départ était de chiffrer la quantité de piles et batteries importées en moyenne (annuellement par exemple), avant de bâtir, appliquer puis tester certains modèles mathématiques et informatiques. Ça c’est l’idée. Encore au stade de l’idée car tout semble prendre énormément de temps au pays. Il faut batailler sans arrêt même pour les choses qui devraient couler avec moins de résistance…
Quand cela sera fait, peut-être faudra-t-il jetter un coup d’oeil à tous ces restes de médicaments que l’on jette régulièrement à la poubelle. Rien ne se perd.
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