Innovation et Developpement

L’innovation est une force motrice essentielle dans la croissance économique et le développement durables. Le magazine « The Economist » définit l’innovation comme « tout nouveau produit, processus ou changement organique qui crée de la richesse ou du bien être social » ou, plus simplement, « une nouvelle façon de penser génératrice de valeur ».
Historiquement – partons de la révolution industrielle, l’innovation a été pratiquée au sein d’institutions dans les pays développés où des sociétés, des individus innovateurs, des chercheurs spécialisés ou encore des inventeurs ont créé des produits et des services que les personnes ayant un revenu suffisant pouvaient s’offrir. L’innovation a rarement été pilotée par les personnes qui allaient être ses utilisateurs finaux.
Globalement, cette situation a beaucoup changé pendant les dernières décades. On a en effet assisté à la migration de l’innovation vers un processus plus ouvert et réseauté dans lequel les utilisateurs finaux prennent une part de plus en plus importante dans la conception et la mise en place des changements. Des sociétés comme Toyota et Ebay ont appliqué des processus ouverts et pilotés par l’utilisateur à leurs cycles de développement de produits et ont obtenu des résultats impressionnants.
Ce mouvement ne s’est hélas pas étendu aux milliards de personnes vivant dans les pays pauvres où la maladie, la faim et l’extrême démunition restent endémiques, malgré des chiffres de croissance qui ne peuvent cacher les inégalités. Le plus souvent, les innovations qui continuent d’éclore dans les pays développés ne tiennent plus compte des pauvres du tiers-monde.
Si rien n’est fait, ces personnes et ces nations risquent d’être piégées longtemps au bas de la pyramide socio-économique.
Pour que les bienfaits de la croissance économique soient distribués plus largement et plus équitablement, l’innovation doit servir les besoins des pauvres. Tenter simplement de reproduire les modèles qui ont réussi dans les sociétés plus riches ne marchera pas. Si les gouvernements et les entreprises veulent sérieusement créer et diffuser la prospérité, ils ont la responsabilité morale d’encourager l’innovation au bas de la pyramide : même dans les villages, même dans la pauvreté de nos villes, on peut trouver des individus ou des entrepreneurs qui créent des produits et des services à faible coût qui contribuent à améliorer la vie de ceux qui sont au bas de la pyramide, autour d’eux. Trop souvent malheureusement, ces innovateurs ont le plus grand mal du monde à transformer leurs initiatives en entreprises viables.
Mettre en place un cadre qui permette à ces petites innovations d’éclore et d’atteindre leur plein potentiel doit être une priorité pour les décideurs. En RDC par exemple, il faudrait identifier et équiper des experts par domaine au niveau institutionnel et communautaire. Un système de support devrait donner aux innovateurs accès au financement, à l’expertise, aux ressources et à l’aide nécessaire pour transformer leurs idées en action, seul gage d’un lendemain meilleur pour la nation.
Cette approche constituerait aussi une formidable opportunité pour la consolidation de l’entrepreunariat. En Inde par exemple, cette approche frugale à l’innovation a déjà conduit à la mise sur le marché réussie de produits comme la Tata Nano, la voiture la moins chère au monde, la ChotuKool, un réfrigérateur portable alimenté par batteries, des télephones low cost, etc.
On le voit, l’innovation n’est pas une question de technologie, mais plutôt de gouvernance et d’état d’esprit. Elle est à notre portée et nous donne, si nous la saisissons, la chance de modeler notre avenir. Avec la bonne attitude, nos défis d’aujourd’hui peuvent se transformer en opportunités: urbanisme et logement, eau et nourriture, énergie, éducation, etc.

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